Argumentaire

Encore résister ?!

© Creative Commons - Flickr - John_Kittelsrud

Les partis les plus liberticides, situés à l’extrême droite, sont quasiment insignifiants en Wallonie et à Bruxelles. Certains sont tentés de répondre : laissons tomber. Mais qu’en est-il des idées extrémistes qui contaminent peu à peu l’ensemble du paysage politique européen ?

Malheureusement l’extrême droite n’a pas le monopole de ces idées haineuses. Elles influencent les choix de société et affaiblissent directement nos libertés fondamentales.

Les quelques exemples tirés de l’actualité démontrent la nécessité de combattre encore et toujours les idées qui menacent nos valeurs et notre mode de vie.

Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles !
Max Frisch

Au racisme, je résiste !

© Creative Commons - Flickr - Philippe Leroyer

« Non, je ne suis pas raciste, mais… »

Le racisme primitif qui établissait une hiérarchie des races fondée sur des préceptes « biologiques » n’est plus d’actualité, en tout cas pas ouvertement.

On lui a en effet d’abord préféré un racisme plus politiquement correct qui visait non pas à affirmer la supériorité d’une « race » sur une autre, mais plutôt l’évidente incompatibilité qui existerait entre deux « cultures ».

Mais ça, c’était avant ! Car, depuis lors, après le « racisme biologique », en plus du « racisme culturel », c’est une nouvelle forme de racisme qui a vu le jour : le « racisme socio-économique ». Au nom de la sauvegarde de notre modèle de protection sociale, il devient donc légitime de rejeter l’Autre.

Or, depuis l’arrêt de l’immigration légale en 1974, le droit d’asile est un véritable parcours du combattant et, même au sein de l’espace Schengen, les ressortissants ne peuvent demeurer plus de trois mois dans un pays qu’à condition d’avoir obtenu un permis de travail… et un boulot. Bref, prétendre que l’immigration constitue une menace pour notre système social est tout bonnement sans fondement. Ce n’est là qu’un procédé d’instrumentalisation de l’opinion publique !

Au rejet de l'autre, je résiste !

© - Creative Commons - Flickr - Orazio Esposito

Durcissement de la politique d’asile

Une politique de plus en plus restrictive en matière d’accueil des demandeurs d’asile, d’accès à la protection et de regroupement familial semble être globalement partagée en Belgique tant au niveau politique que dans l’opinion publique.

Et les difficultés de gestion rencontrées par l’Union européenne, notamment sur l’île de Lampedusa, de Lesbos, de Samos ou dans la jungle de Calais n’ont évidemment eu d’autre effet que de renforcer cette conviction. Mais voilà, ces lieux riment désormais avec débordement, insécurité et violence physique, psychologique, sociale tandis que la Méditerranée, elle, est devenue un cimetière pour migrants.

Et ça, ça fait désordre… Il faut donc trouver une solution et c’est à Frontex, l’agence européenne pour la sécurité et les frontières extérieures, que la mission est confiée. Mais peut-on raisonnablement cumuler le rôle de police des frontières avec celui de secouriste ? Peut-on lutter contre l’immigration clandestine et parallèlement tendre la main aux migrants en danger ?

Au retour d’un conservatisme liberticide, je résiste !

© Creative Commons - Flickr - Samy_Soussy

Espagne : l’IVG crucifiée

Alors qu’il est autorisé dans la grande majorité des États membres de l’Union européenne l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est encore strictement conditionnée en Pologne, en Irlande du Nord et même totalement interdit à Malte !

Dans les pays européens où elle est pourtant légale, l’IVG est néanmoins souvent remise en question, voire rendue difficile d’accès. Les attaques des anti-choix sont de plus en plus nombreuses, qu’elles soient frontales ou insidieuses. Ainsi, en Hongrie, en 2012, le Gouvernement Orban a introduit dans la Constitution « la protection de la vie dès la conception » rendant l’avortement très mal perçu et l’accès compliqué. En Espagne, après avoir manifesté la volonté de la restreindre drastiquement, c’est finalement une loi interdisant aux mineurs d’avorter sans le consentement de leurs parents qui a été adoptée en 2015. La même année, le Portugal décidait de son côté d’imposer à la charge des femmes tous les frais liés à l’arrêt de leur grossesse. Mais le plus grand leurre réside sans doute en Italie. Là, bien que parfaitement légale, l’IVG est encore aujourd’hui un véritable parcours impossible dans la mesure où le taux de médecins objecteurs de conscience atteint près de 80 %.

En Belgique, si l’IVG a récemment été sorti du Code pénal, il n’en reste pas moins que les sanctions pénales sont maintenues pour les femmes et les médecins en cas de non-respect des conditions fixées par la loi.

L’IVG est un droit fondamental des femmes ; sa défense, un combat au nom de la liberté, de la promotion de la santé publique et du droit des femmes à disposer de leur corps et à choisir leur vie.

Aux partis d’extrême droite, je résiste !

© Creative Commons - Flickr - Roel Wijnants

L’extrême droite au pouvoir… déjà une réalité

En 1991, la Belgique voit revenir dans ses instances parlementaires des députés d’extrême droite. Et, depuis la fin du XXe siècle, partout en Europe, l’ascension de partis d’extrême droite ou nationaux-populistes est continue : Rassemblement National (ancien FN français), PVV du Néerlandais Geert Wilders ou encore UDC suisse en sont des exemples éloquents.

Mais, dans certains pays, un pas supplémentaire a été franchi : des partis liberticides sont associés à la majorité gouvernementale. C’est le cas du FPÖ en Autriche, et, tout récemment, de la Ligue du Nord alliée aux populistes du Mouvement Cinq Étoiles en Italie.

Ajoutons à cela, la présence de Marine Le Pen aux élections présidentielles françaises, un Brexit préconisé par le parti extrémiste britannique UKIP, l’arrivée de l’AfD en Allemagne (premier parti d’extrême droite à pouvoir entrer au Bundestag depuis les nazis) et la réélection du très controversé Viktor Orban en Hongrie, la réalité en devient des plus inquiétante.

À l’homophobie, je résiste !

© Creative Commons - Flickr - MarcoFieber-Ostblog.org

Homophobie criminelle

Attitudes homophobes, sentiments d’homo-négativité ou encore psychodrame autour de la loi sur le mariage pour tous en France sont des indicateurs criants des sources de discriminations que subissent encore les personnes de la communauté LGBT (*), aujourd’hui. Pire, certains homophobes n’hésitent pas à attenter à l’intégrité physique de ces personnes, allant parfois jusqu’au meurtre ! En août 2018, un couple homosexuel a été violemment attaqué à Gand et leurs agresseurs ont été interpellés par la Police. Après le procès historique de mars 2014 et la condamnation de Raphaël Wargnies pour un homicide volontaire avec préméditation contre Jacques Kotnik, un homme gay de 61 ans, dans le parc d’Avroy de Liège, la justice belge reconnaît l’homophobie comme un acte criminel avec circonstances aggravantes.

Ce n’est malheureusement pas le cas partout. L’homophobie est notamment une notion profondément ancrée dans la société russe. Si elle y est dépénalisée depuis 1992 (sous pression du Conseil de l’Europe, auquel la Russie souhaitait adhérer), elle reste extrêmement mal vue. Et que dire de la Tchétchénie où les arrestations, la torture et l’encouragement des familles à tuer leurs proches homosexuels font légion ? En 2017, ce pays a d’ailleurs connu un très grave durcissement de ses mesures contre les homosexuel(le)s, instaurées par le président Ramzan Kadyrov.

(*) LGBT : lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres

À la duperie, je résiste !

© Creative Commons - Flickr - Theglobalpanomarama

En quête de respectabilité…

Désireux de s’affranchir de leur étiquette extrémiste, nombreux sont les partis d’extrême droite à vouloir se racheter une image plus « positive », c’est-à-dire une image électoralement plus porteuse.

Par opportunisme politique, ils n’hésitent donc pas à s’affirmer démocrates et à opérer des glissements idéologiques incohérents. Ainsi, lorsqu’elle qualifie son parti de national-populiste, lorsqu’elle remplace le nom du Front National (FN) par celui de Rassemblement National (RN) ou lorsqu’elle sous-entend que le FN-RN est un parti du centre, Madame Le Pen cherche uniquement à rassurer et à étendre son électorat.

Il n’est dès lors pas étonnant, au regard de cette stratégie, de constater que l’extrême droite pioche parfois dans les références idéologiques de la gauche afin de rallier à sa cause l’électeur populaire déçu par les gouvernements socialistes. Ceci n’est évidemment qu’un leurre, ne soyons pas dupes !

Au mépris et aux discriminations, je résiste !

© Creative Commons - Flickr - Francesco_Paraggio

La chasse aux Roms se poursuit

Peuple de tradition nomade, les Roms souffrent depuis presque toujours de discriminations parfois criminelles (ex. : stérilisation forcée, etc.). Aujourd’hui, malgré une augmentation de leur sédentarité, beaucoup de Roms continuent à voyager en caravanes.

Leurs conditions de vie restent inchangées, de même que le mépris de la société à leur égard. L’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’Union européenne en 2007 a évidemment focalisé l’attention sur cette population et les passions se sont alors déchaînées.

En Italie, en France, mais aussi en Belgique, une chasse aux Roms s’est ouverte et les récentes déclarations de Manuel Valls, alors ministre français socialiste de l’intérieur, en disent long sur le point de vue des instances politiques, même de gauche, sur cette question.

Aux néonazis, je résiste !

© Creative Commons - Flickr - BY-SA3.0

Le néonazisme n’est pas mort

Alors que de nombreux partis d’extrême droite ont édulcoré leur discours afin de gagner en légitimité, d’autres continuent à multiplier les écarts et à s’afficher ouvertement néonazis.

C’est notamment le cas de certains membres du gouvernement de transition ukrainien (SVOBODA) ou du parti Aube dorée en Grèce. Quasiment inexistante avant la crise, Aube dorée a connu une percée importante en 2012 ; depuis lors, le parti maintient au même niveau alors que nombreux de ses représentants sont en prison ! Existe-t-il un lien de cause à effet lié à la situation économique du pays ? On serait tenté de le croire.

Et pourtant, jamais ce parti n’a voté de propositions de lois visant à restreindre les avantages des plus nantis. Au contraire, il s’affiche volontiers avec de puissants hommes d’affaires et exècre les syndicats. Même ses méthodes outrancières, brutales et meurtrières – qui ont par ailleurs conduit plusieurs de ses représentants en prison – ne semblent pas vouloir décourager l’électeur grec !